L'administration Trump a considérablement intensifié ses menaces de guerre contre le Venezuela cette semaine en publiant une déclaration pseudo-juridique qui assimile le gouvernement du pays à Al-Qaïda et en organisant un nouveau vol provocateur de bombardier stratégique B-52 et d'avions de chasse d'escorte à quelques kilomètres de l'espace aérien vénézuélien.
Ayant déployé dans les eaux latino-américaines la plus grande flotte américaine depuis la crise des missiles de Cuba en 1962, l'administration Trump s'apprête à lancer une nouvelle guerre d'agression criminelle. Le président américain Donald Trump a déclaré à plusieurs reprises avoir pris sa décision concernant le Venezuela, sans toutefois en préciser les détails. Des informations contradictoires évoquent diverses options: une guerre américaine à grande échelle pour un changement de régime, une opération d'élimination du président vénézuélien Nicolás Maduro, des frappes aériennes contre les infrastructures et sur des cibles du gouvernement vénézuélien, voire un accord conclu directement entre Maduro et Donald Trump sous la menace des armes.
Mardi, à bord d'Air Force One, Trump a évoqué cette dernière possibilité devant des journalistes. Interrogé sur la possibilité de discussions avec Maduro, le président américain a déclaré: «Je pourrais lui parler, on verra. Mais nous en discutons avec […] les différents responsables. Nous pourrions aussi parler avec le Venezuela.» Affirmant vouloir «sauver des vies», il a ajouté, dans le style mafieux qui lui est propre: «Si on peut faire les choses simplement, ça me va. Et si on doit faire les choses plus durement, ça me va aussi.» On ignore si ces propos sont sincères ou s'il s'agit simplement d'un écran de fumée en vue d'une intervention militaire imminente.
Le département d'État américain a publié lundi une décision officielle classant le prétendu «Cartel de los Soles» (Cartel des Soleils) comme organisation terroriste étrangère. Washington affirme que ce cartel, qui n'existe pas, est dirigé par le président Maduro et contrôle tous les échelons du gouvernement vénézuélien.
Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth (ou «secrétaire à la Guerre», comme l'appelle l'administration Trump), s'est félicité de cette annonce, affirmant qu'elle ouvrait «un large éventail de nouvelles options», incluant vraisemblablement les «opérations secrètes» révélées publiquement par l'administration au début du mois, ainsi que les frappes aériennes américaines et une invasion pure et simple du Venezuela. L'objectif, a déclaré Hegseth, est de «contrôler notre pré-carré».
Dans le même temps, l'Administration fédérale de l'aviation américaine (FAA) a émis un avertissement alarmant, enjoignant aux aéronefs civils de faire preuve d'une « extrême prudence » en raison « d'une activité accrue des aéronefs d'État » dans l'espace aérien vénézuélien. Cette mesure a eu pour effet de renforcer le blocus américain contre le pays sud-américain, plusieurs grandes compagnies aériennes annulant leurs vols. Elle confirme la menace d'une massive escalade militaire suite aux actions américaines.
Des navires de guerre américains, dont le plus grand porte-avions du monde, l'USS Gerald R. Ford, et une douzaine d'autres bâtiments de la marine américaine, avec une force combinée d'environ 15 000 marins et Marines américains, renforcée par de multiples avions de chasse de pointe envoyés à Porto Rico, ont été déployés dans les eaux du sud des Caraïbes, près des côtes du Venezuela.
L'affirmation de l'administration Trump selon laquelle ce déploiement massif de forces vise à stopper les «narco-terroristes» déterminés à causer des centaines de milliers de morts par overdose aux États-Unis est tout simplement absurde. La drogue responsable de la grande majorité des décès aux États-Unis est le fentanyl, qui transite par le Mexique. En provenance d'Amérique du Sud, c'est la cocaïne qui est trafiquée, dont seulement 8 pour cent transitent par les Caraïbes du Sud et une part encore plus infime par le Venezuela.
Quant au «Cartel de los Soles», ce nom a été inventé pour désigner deux officiers supérieurs de la Garde nationale vénézuélienne recrutés par la CIA au début des années 1990 afin de faciliter l'acheminement de drogue vers les États-Unis dans le cadre d'une opération d'infiltration visant des narcotrafiquants colombiens. Il n'est mentionné dans aucun rapport, ni américain ni international, sur le trafic de drogue.
Pendant ce temps, Washington poursuit sa campagne de frappes meurtrières contre des civils non armés à bord de petites embarcations, qu’il prend pour cible de ses missiles dans le sud des Caraïbes et dans l'est du Pacifique. Qualifiées d'exécutions extrajudiciaires et de crimes de guerre par des responsables de l'ONU, ces frappes ont coulé au moins 21 bateaux et tué quelque 83 personnes, dont des migrants et des pêcheurs vénézuéliens, colombiens et équatoriens.
Ce n’est pas là une opération policière visant à endiguer le trafic de drogue. C'est une offensive impérialiste criminelle destinée à s'assurer des ressources, des marchés et un avantage stratégique pour le capitalisme américain et ses sociétés transnationales, et elle menace de plonger toute la région dans une guerre catastrophique.
L'affirmation que Washington agit pour enrayer le trafic illicite de stupéfiants n'est qu'un prétexte pour une agression. La campagne visant à redéfinir les intérêts de l'État vénézuélien en les qualifiant de «narco-terrorisme» est une arme politique. Elle criminalise non seulement le chef de l'État – dont la tête est mise à prix pour 50 millions de dollars américains – mais aussi les forces de sécurité vénézuéliennes et toutes les institutions étatiques. Elle fournit un prétexte pour une intervention militaire et vise à faire bouger l'opinion publique vers une banalisation des exécutions extrajudiciaires et des opérations de changement de régime.
Pourquoi cette agression flagrante des États-Unis? Dans un contexte de crise capitaliste américaine et mondiale qui s’aggrave, Washington et l’oligarchie dirigeante américaine considèrent le contrôle des ressources de l’Amérique latine et l’imposition de régimes clients dociles comme essentiels à la défense de leur domination mondiale déclinante. Les immenses réserves pétrolières du Venezuela, les plus importantes au monde, en font une cible de choix.
Cela a été clairement exprimé par María Salazar, élue républicaine de Floride et membre éminente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, qui a déclaré lundi sur Fox News: «Nous sommes sur le point d’intervenir» au Venezuela. Une guerre pour changer le régime, a-t-elle affirmé, serait «une excellente nouvelle pour l’économie américaine», ajoutant: «Le Venezuela sera une aubaine pour les compagnies pétrolières américaines, car il générera plus de mille milliards de dollars d’activité économique.»
Cette agression prédatrice est exacerbée par le renforcement des liens stratégiques entre le Venezuela et la Chine, principal rival de l'impérialisme américain, qui absorbe désormais 80 pour cent des exportations pétrolières du pays, en grande partie grâce au régime de sanctions étouffant imposé par Washington. La Chine n'achète pas seulement du pétrole vénézuélien; elle a également utilisé cette ressource essentielle comme paiement pour des prêts d'environ 60 milliards de dollars accordés au Venezuela. Elle a investi des milliards directement dans le secteur pétrolier vénézuélien, tout en se livrant à des ventes d'armes, certes limitées.
Pour sa part, la Russie a noué un «partenariat stratégique» avec le Venezuela, lui vendant pour environ 14,5 milliards de dollars d'armements, dont des systèmes de défense aérienne de pointe comme le S-300VM. Parallèlement, le géant énergétique russe Rosneft a créé des coentreprises avec la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne (PDVSA) pour l'exploitation de plusieurs gisements de pétrole et de gaz. Des centaines de militaires russes sont présents au Venezuela.
Une attaque américaine contre le Venezuela ne viserait pas seulement ce pays, mais aussi à chasser la Chine et la Russie de tout l'hémisphère occidental. La stratégie consistant à inverser le déclin historique de l'impérialisme américain et à empêcher la montée en puissance de la Chine comme principal partenaire commercial de l'Amérique du Sud grâce à des missiles Tomahawk et des bombes guidées est manifestement démente, mais elle est engendrée par la logique de la crise insoluble de l'impérialisme américain. Une guerre américaine déstabiliserait non seulement toute la région, mais aurait des répercussions mondiales s'étendant de l'Ukraine à la mer de Chine méridionale.
Ceux qui, dans les milieux nationalistes petits-bourgeois d'Amérique latine, croient que Pékin ou Moscou viendront à la rescousse du Venezuela devraient méditer sur le récent vote du Conseil de sécurité de l'ONU ratifiant le projet colonialiste de Trump visant à achever le génocide à Gaza, vote où ces deux pays se sont abstenus. Le sort de nations et de peuples entiers est devenu monnaie d’échange dans la course à une troisième guerre mondiale, où aucun crime n'est trop abominable pour être envisagé.
Aux États-Unis, la même classe dirigeante qui se précipite vers une aventure militaire désastreuse en Amérique latine met en œuvre des mesures policières pour réprimer la dissidence et protéger ses profits. L'amalgame entre «narco-terrorisme», migration et «ennemis» intérieurs ouvre la voie à l'instrumentalisation de la guerre pour étendre les pouvoirs de l’armée, procéder à des détentions massives et abolir les droits démocratiques. Alors que l'administration Trump s'apprête à invoquer la loi sur les étrangers ennemis et à déployer des troupes dans les principales villes américaines, c'est la classe ouvrière qui paiera le prix de la crise capitaliste américaine, en sang versé et en répression sociale.
Aucune faction de la bourgeoisie – ni les démocrates ni les républicains – ne s'opposera à une guerre impérialiste. Les divergences entre les deux partis capitalistes portent principalement sur la politique étrangère. Le Parti démocrate approuve une grande partie de la politique économique de Trump et a activement soutenu ses attaques contre la classe ouvrière. Les démocrates fondent leur opposition à Trump sur ce qu'ils perçoivent comme sa conciliation avec la Russie, notamment concernant l'Ukraine. Quelles que soient les scrupules exprimés par certains membres du parti quant à la légalité des frappes de missiles dans les Caraïbes ou sur le fait que l'administration ignore les pouvoirs de guerre du Congrès, la direction démocrate approuvera une attaque contre le Venezuela dans la mesure où elle contribue à la confrontation mondiale de l'impérialisme américain avec la Russie et la Chine.
La lutte contre l'agression américaine ne peut être menée en s'appuyant sur les politiciens capitalistes américains, les régimes nationalistes bourgeois comme celui de Maduro au Venezuela ou les rivaux géostratégiques de Washington à Pékin et Moscou; elle doit être ancrée dans la lutte des classes et le combat pour unir les travailleurs par-delà les frontières contre l'impérialisme et l'exploitation capitaliste.
La classe ouvrière doit avancer son propre programme politique indépendant pour s'opposer à la guerre impérialiste, défendre les droits démocratiques et exproprier l'oligarchie, en plaçant les secteurs clés de l'économie sous le contrôle des travailleurs et en mettant fin à l'exploitation capitaliste et au pillage mondial.
Un tel mouvement doit organiser des comités de la base dans lieux de travail et tisser des liens internationaux pour coordonner les grèves et les actions politiques contre la guerre, la répression et l'austérité.
La classe ouvrière doit exiger la fin immédiate des déploiements militaires américains menaçants et des opérations secrètes menées contre le Venezuela. Tous les navires de guerre, avions et troupes doivent être retirés du sud des Caraïbes et le massacre aveugle de civils doit cesser sans délai.
Le choix est net: soit les travailleurs s'unissent à l'échelle internationale pour renverser le système capitaliste qui engendre les guerres et la barbarie sociale, soit les classes dirigeantes entraîneront le monde dans une nouvelle ère de carnage impérialiste.
(Article paru en anglais le 27 novembre 2025)
